Adjugé

85 071 euros frais compris. Mercredi 19 octobre, salle 2 – Drouot-Richelieu. Sienne, vers 1510-1520. Chevrette en majolique à décor polychrome d’une couronne de lauriers et poires tressées, d’amours chevauchant des monstres grotesques et un aigle, h. 24 cm. Les amateurs de faïence italienne avaient l’embarras du choix en cette journée de mercredi à Drouot. Ici, un ensemble issu de la célèbre collection du docteur Joseph Chompret, accompagnée d’autres provenances, rencontrait en une soixantaine de numéros un vif intérêt. Les ouvrages spécialisés écrits par le bon docteur (voir encadré page 46 de la Gazette n° 35 pour plus de précisions) servaient de référence à nombre de pièces vendues. C’était le cas du lot phare de la dispersion, la chevrette siennoise vers 1510-1520 reproduite, adjugée 70 000 euros, une estimation triplée, ayant déjà eu les honneurs dans l’encadré précité. Dans son Répertoire de la majolique italienne (1949) et dans son livre sur Les Faïences hospitalières, Chompret donne déjà notre chevrette à Sienne. Estimé pas plus de 20 000 euros, un plat (diam. 37,7 cm) d’Urbino de l’atelier des Fontana vers 1540 montait à 56 000 euros. Il est à décor polychrome historié représentant L’Enlèvement d’Europe sur fond d’un paysage montagneux avec une ville, Zeus apparaissant dans des nuées avec son aigle. Des armoiries figurent sur l’aile, du type de celles que l’on rencontre dans la région de Nuremberg, appartenant à de puissantes familles commerçantes. Une belle envolée attendait également à 49 000 euros une coupe sur piédouche de Casteldurante vers 1530-1540 (diam. 30 cm). Elle représente en polychromie une bella donna répondant au doux prénom, comme l’indique le phylactère qui l’entoure, de “Giulia”... Restons à Casteldurante avec les 27 000 euros acquis au triple de l’estimation par une petite assiette vers 1530, attribuée par Chompret dans son Répertoire de la majolique italienne à Padoue. Elle est à fond gros bleu sur lequel se détache un décor en camaïeu dit “a trofei”, des boucliers entourant des instruments de musique et une tête grotesque dont le menton est dissimulé par un manuscrit musical ouvert. Ce prix était obtenu malgré un gros éclat présent sur le bord. Le docteur Chompret attribuait à Faenza une coupe polylobée sur piédouche maintenant donnée à Montelupo, datée au revers de 1548 (diam. 27 cm). Créditée de 13 000 euros, elle est à décor polychrome dit “a quartieri” de rinceaux feuillagés en camaïeu bleu sur fond de couleurs alternées jaune et ocre, le centre étant occupé par un médaillon avec Vulcain, Mars et Éros. La faïence française se remarquait grâce à deux résultats qui faisaient chacun l’objet d’une préemption de la part du musée Fabre de Montpellier. L’institution payait 23 000 euros une paire d’albarelli nîmois de la fin du XVIe siècle sortant de la fabrique d’Antoine Syjalon. Ils sont à décor polychrome a quartieri de rinceaux sur fond de couleurs alternées, les banderoles avec les inscriptions “conservat viola” et “ca lafirii” se terminant par des têtes grotesques (h. 24 cm). Une chevrette de Montpellier de Jean Favier ou Ollivier regagnait sa ville d’origine moyennant 13 000 euros. Elle est à décor polychrome de feuilles et fruits stylisés avec rinceaux feuillagés, l’anse étant à base de tête d’angelot ailée en relief (h. 22 cm). Ces faïences figuraient dans l’ouvrage du docteur Chompret Les Faïences françaises primitives. Les maîtres languedociens ont appris “l’art des couleurs, à savoir : le fin blanc, les jaunelis et le bleu”, par l’intermédiaire de faïenciers italiens itinérants. Les premiers à être identifiés, à la fois par les textes anciens et par des objets qui leur sont attribués, sont des artisans huguenots, Antoine Syjalon à Nîmes ou encore Pierre Estève, qui tenait pour sa part commerce à Montpellier. Principalement destinées à la pharmacopée, leurs productions, appelées “majoliques languedociennes”, possèdent un style imité de l’Italie qui se caractérise fréquemment par un décor polychrome a quartieri où courent des rinceaux feuillagés et fleuris. LA GAZETTE DE L’HÔTEL DROUOT – 28 OCTOBRE 2011 – N° 37