ADJUGE 13 000 €


Focus lot 306 de la vente du 26/06 à 14h

Pendule de cheminée à sonnerie au passage des heures et demie signée ‘Dupui à Alençon’, début du XIXe siècle.
Cadran en email blanc, chiffres romains pour les heures, arabes pour les quinze minutes, aiguilles en laiton doré ajouré et gravé, lunette ciselée ; mouvement rond, échappement à ancre, suspension à fil de soie, roue de compte à l’extérieur, sonnerie sur timbre (manque le verre de la porte arrière) ; base ovale à pans coupés portée sur six pieds en toupie et ornée de guirlandes suspendues à des anneaux par des serpents, une chasseresse noire est assise sur le cylindre du mouvement à côté d’un bananier, elle porte un arc dans sa main droite, et un carquois au dos pendant qu’elle dompte un caïman, dont la queue s’enroule autour du bananier, placé entre ses jambes avec une lance tenue dans sa main gauche ; elle est vêtue d’un pagne de plumes, coiffée d’une couronne de plumes, porte un double collier autour du cou, un bracelet sur chaque poignée et sur chacune des chevilles. La figure de la chasseresse, exécutée en bronze patiné noir, mise à part, l’ensemble est réalisé en bronze et laiton doré et ciselé. H. 45.7 cm ; L. 39 cm.

Ce modèle renommé fut imaginé par le fondeur – bronzier –marchand mercier Jean Simon Deverberie (1764-1824) qui dépose le dessin, avec son pendant présentant l’Afrique, au dépôt légal le 3 pluviose an VII (22 janvier 1799). Toutes deux emploient un modèle similaire, seuls les attributs permettant de les distinguer (panthère pour l’Afrique, caïman pour l’Amérique). Ces dessins s’intègrent parmi plusieurs modèles de pendules ‘au nègre’ devenus très prisés à l’époque quand le mythe du ‘bon sauvage’ apparaît dans la littérature avec les écrits de Bernardin de St Pierre et de Jean-Jacques Rousseau, en même temps que l’abolition de l’esclavage en France en 1792 attire l’attention publique sur la race noire.
Néanmoins, le symbolisme utilisé par Deverberie remonte à une tradition plus ancienne, celle des représentations des quatre continents depuis la Renaissance, qui nous montre que la chasseresse présenté ici est une Amérindienne, c’est donc l’Amérique Centrale qui est figurée par cette pendule. Comme l’expliquent Gravelot Cochin dans leur Iconologie ou traité de la science des allegories à l’usage des artistes … 1781, I 22. ‘L’Amérique est représentée par une femme ayant le teint olivâtre, coëffée et en partie vêtue de plumes ; ajustement particulier aux peuples de ce continent. L’arc et les flèches sont les armes avec les quelles, non seulement les hommes, mais encore les femmes, vont combattre leurs ennemis. … Le caïman et l’arbre nommé bananier, contribue à caractériser le nouveau monde qui, en doublant la richesse de l’ancien, n’a pas l’a rendu plus heureux.’
Tous les exemplaires référencés de ce modèle ont revêtu les nom de revendeurs / marchands différents du fait que la pendule se faisait sur commande de la caisse. Le socle peut être patiné, les guirlandes peuvent être remplacées par des chérubins jouant, et le bananier avoir plus ou moins de branches.
Notre exemplaire est néanmoins très proche de celui de la suite de gravures de Deverberie, il servira comme catalogue de vente pour ses modèles.