ADJUGE 27 000 €

Focus sur le lot 4 de la vente du 20/06 à 13h30

Grand microscope de Salon dérivé du modèle du duc de Chaulnes par Alexis Magny et signé par lui sur la platine ‘Magny fecit Parisiis Anno 1754 N° 14’. Laiton, hêtre, et corne teintée verte (accidents ; deux plaques restaurées). Hauteur approximatif, 45cm. Socle 17.2cm x 17.2cm.
Le corps de l’instrument à trois verres (manquent les lentilles) est monté sur un pilier rectangulaire gravé d’une échelle de positionnement et d’une fleur de lys ; mouvement rapide par colliers plats et mouvement lent à vis. La platine est solidement montée sur un double support en arches. Elle est munie d’une porte-préparations. En-dessous se trouve un miroir réflecteur. L’oculaire à deux lentilles (manquant) est gravé d’une échelle de positionnement de 2 à 5. L’ensemble est porté par un socle carré à faces incurvées incorporant un tiroir de rangement pour les accessoires. L’inclinaison de l’instrument sur son socle est effectuée par un mouvement latéral bloqué par une vis à tête ovale. A restaurer.
Pendant les années 1740, Michel Ferdinand d’Albert d’Ailly duc de Picquigny et 6e duc de Chaulnes (1714-1769) a élaboré un microscope qui, d’après Magny, rassemblait ‘Tout ce que les meilleurs Artistes, tout Etranger que nationaux, ont imaginé de mieux pour rendre l’usage de cet instrument plus commode plus utile’. Le premier modèle est présenté à Louis XV par son fabricant supposé, le Père Nicolas Noël (1712/13-1783), par l’intermédiaire de Chaulnes le vrai concepteur de l’instrument.
Ayant acquis le microscope de Chaulnes/Noël, Louis XV commande un deuxième pour offrir à son beau-père Stanislas Leszczynski, l’ancien roi de Pologne. Mais Stanislas est âgé, il faut adapter l’instrument qu’il puisse l’utiliser assis. Magny est chargé de le faire. En huit jours il modifie l’instrument, ajoute un garde-vue d’ébène et dote le microscope d’un pouvoir d’agrandissement supérieur à celui du modèle original.
C’est de cet instrument modifié (aujourd’hui au Musée Lorraine, Nancy) que décline une série d’instruments encore simplifiés que Magny débite les années suivantes, instruments qu’il signe, date et même, chose exceptionnelle pour l’époque, numérote. C’est grâce à cette initiative qu’on sait aujourd’hui qu’il a produit au moins dix-neuf exemplaires. Aujourd’hui, seuls six sont connus dont le numéro 14, maintenant présenté à la vente.

Les autres exemplaires sont :
L’instrument offert à Stanslas Leszczynski, Musée Lorraine, Nancy
Un instrument dont le numéro est illisible, daté 1752, vendu Christie’s Londres 24 avril 2013, lot 73.
Instrument N° 13, 1754 décrit dans le catalogue de la collection Nachet, N° 45
Instrument N° 18, 1755, Nordiska Museet, Stockholm
Instrument N° 19, 1755, Musée du Louvre, Paris.

Alexis Magny (fl. 1734 – post 1792), est né à Namps-au-Monts, village au sud d’Amiens. A partir de 1733/34 il travaille comme mécanicien pour le beau-frère du duc de Chaulnes, le collectionneur et amateur, Joseph Bonnier de la Mosson. Après le décès de celui-ci (1744), Magny s’installe à son compte dans le lieu privilégié de l’abbaye de St Germain-des-Près où il poursuit des recherches sur la construction des boussoles de marine, et fabrique ses microscopes.

Catalogue Nachet, N° 45. Présenté à l’exposition ‘Instruments et outils d’autrefois’, Musée des Arts Décoratifs, 1936, Catalogue N° 393
Bibliographie Alexis Magny, ‘Mémoire présenté à l’Académie des Sciences, sur le microscope à trois verres et universel, perfectionné dans leurs verres ainsi que dans leurs montures’, Journal Œconomique…, ii janvier 1752, 42-57. Albert Nachet, Collection Nachet : Instruments scientifiques et livres anciens. Notice sur l’invention du microscope et son évolution…, Paris 1929. Musée des Arts Décoratifs, Exposition des instruments et outils d’autrefois, Paris 1936. Anthony Turner, ‘Two Dukes, a microscope and the making of Science à la mode’, in Les Sciences à l’âge des Lumières. Actes du Colloque tenu au Château de la Roche Guyon, le 14 juin 2014, Paris 2017, 36-59.
Provenance : Collection NACHET