UNE MONTRE A SONNERIE ET A REVEIL DE JEAN VALLIER A LYON, VERS 1620 - ADJUGEE 39 370€ (fc) LE 21 DECEMBRE

Le centre est gravé en relief de feuillages habités par un renard, un chien de chasse et un canard. Le pourtour est gravé d’une série de figures. Elles partent dans le sens de l’aiguille de la montre :
au niveau du XII se trouve un triangle représentant la lumière divine, adoré par un homme allongé, une flèche courbée entre ses mollets. Au-dessous de lui, entre II h et IIII h est figurée une femme tenant un miroir :  l’Orgueil. A la suite, entre V h et VI h se trouve la figure de la Justice, les yeux bandés, portant son épée et sa balance. Ensuite, entre VI h et VII ,h se trouve la figure d’une femme étendue sur son dos nourrissant un bébé (la Vierge), tandis qu’entre VII h et X h figure une jeune femme (Ste Blandine), en train d’être dévorée par un lion. Au-dessus d’elle, de X h à XII h, un homme porte une croix et un livre, symbolisant sans doute l’Eglise, il regarde vers le triangle de la lumière divine.

Mouvement rond en laiton doré, fer, et acier bleui, coq ajouré et gravé, roue de compte numérotée en argent, échappement à verge, barillet et fusée à corde de boyau, sonnerie sur timbre par deux marteaux ; boîtier en laiton doré gravé et ajouré de fleurs et feuillages, charnière gravée, pendant sphérique. D. 68mm. Avec une clé annulaire.         

Signalé dans les documents à partir de 1596, Jean Vallier (vers 1575/80-1649) est maître horloger à Lyon, au plus tard en 1602. En 1605 il épouse Madeleine Noytolon, issue d’une famille qui compte trois horlogers référencés. Avec elle, il aura quatre enfants entre 1606 et 1615.

Deux ‘montres-horloges’, dont une en laiton comme celle-ci, ont été vendues par Vallier sur commande en 1617 : une pour 25 livres, l’autre, probablement plus élaborée, pour 43 livres.
Treize pièces de la production de Vallier  sont par ailleurs référencées dans l’ouvrage de Vial & Côte publiés en 1927 et concernant les horlogers lyonnais (même s’ils considéraient deux d’entre elles comme douteuses ; voir ci-dessous). D’autres peuvent être évoquées, et en particulier une montre à sonnerie semblable à la nôtre, mais bien plus usée et avec son cadran remplacé, se trouvant au musée du Temps à Besançon.

On note sur le mouvement, à côté du balancier, une échelle rudimentaire pour une échelle de réglage, grattée sur la platine. Il s’agit probablement du reste d’une modernisation de la montre par l’ajout d’un spiral, retiré à la fin du XIXème siècle pour obtenir un objet plus ‘pur’. C’est peut-être à ce moment que le coq a été redoré et les deux roues sur la platine bleuies.
Enfin, on peut penser que la pudeur d’un propriétaire l’a amené à gratter la partie sexuelle de la femme nue, représentant la Vanité.

Le schéma iconographique, tout à fait inhabituel, présenté sur le pourtour du cadran peut être interprété comme une représentation de l’univers surveillé par le pouvoir divin que l’homme doit adorer. La vanité des choses terrestres et l’orgueil sont figurés par la dame au miroir. Elle sera jugée mais, grâce à la rédemption exercée par le Christ qui a inspiré la dévotion des martyrs dont Ste Blandine (l’une des quarante-huit martyres de Lyon et sainte patronne de la ville), l’Eglise peut montrer le chemin vers la grâce divine. La scène au centre du cadran représente le monde terrestre des plantes et des animaux, également réglé par Dieu, bienveillant.

La gravure du cadran peut être rapprochée de celle d’une montre-horloge à calendrier et réveil de Vallier, qui se trouve aujourd’hui au British Museum, Londres (voir Thompson, 34-5), d’une montre de Pierre Louteau (également un horloger Lyonnais) conservée au Rijksmuseum à Amsterdam (ttps://www.rijksmuseum.nl/en/collection/BK-17012), ou encore d’une montre cruciforme sur pied, aussi par Louteau, issue des collections du Time Museum, Rockford, et vendue chez Sotheby’s  New York, 19 juin 2002 ( lot 102).


Bibliographie
Auteurs variés, Montres & Merveilles, collection musée du Temps, Besançon, Paris 2010, 54-5.
Clavdivs Côte et Evgène Vial Les horlogers lyonnais de 1550 à 1650, Lyon 1927, 116-21 ; 240-45.
Sotheby’s, Masterpieces from the Time Museum, part two, New York 19 June 2002.
David Thompson, The British Museum : Watches 2008.